L’art de ne pas se laver

La peau est notre première protection. Sa couche superficielle est protégée par un manteau acide (pH compris entre 4 et 5.5), le film hydrolipidique. Son rôle : préserver l’étanchéité de la peau et empêcher les bactéries non résidentes de s’y développer.

Selon skin-science.com, site Internet de L’Oréal, il est composé d’un mélange de sueur, de sébum et de lipides auxquels se rajoutent des peptides antibiotiques synthétisés par les glandes sudoripares. « De nombreuses bactéries résidantes y trouvent refuge et prospèrent (…). Elles se nourrissent de débris de cornéocytes ou de cellules du sébum et elles empêchent d’autres bactéries indésirables de se développer. Elles jouent donc un rôle fondamental, celui de nettoyeuses ».

Or savon, gels douches et shampoings nettoient la peau par élimination de la graisse. Pour entraîner les impuretés, ils dissolvent le film hydrolipidique. Ce faisant, ils perturbent l’écosystème cutané et attaquent la couche cornée, permettant à diverses substances déshydratantes, allergènes voire toxiques contenues dans le produit de pénétrer l’épiderme. En plus de sécher et d’irriter notre peau, ce petit manège nous rend dépendants des crèmes protectrices. Cherchez l’erreur…

Comment trouver l’équilibre ente propreté et protection de la peau ?

Premièrement en sachant que seules les glandes sudoripares dites mérocrines sont responsables de l’odeur corporelle. Caractère sexuel secondaire, elles se développent à la puberté et sont situées essentiellement au niveau des aisselles, des aines, des testicules, des grandes lèvres, autour de l’anus et des mamelons. Nettoyer ces zones suffira donc à rester olfactivement correct…

Deuxième point crucial : garder à l’esprit cette antique devise des bonnes ménagères : Ne pas salir pour ne pas nettoyer ! Cette maxime s’applique aussi au corps. Or ce qui salit le plus le corps, ce qui l’encrasse vient non pas de l’extérieur mais de l’intérieur, c’est-à-dire essentiellement de la malbouffe. Une alimentation hypotoxique, du type Seignalet ou paléolithique (riche en fruits et légumes, riche en oméga-3 et dénué de laitages, de gluten et de sucre) est l’idéal. La plupart des problèmes de peau, grasse, sèche ou acnéique, se résorbent spontanément à la suite de tels régimes. Et ceux qui les pratiquent, surtout en augmentant la part de cru et de végétal dans leur alimentation, témoignent presque toujours d’une normalisation de leurs odeurs corporelles. Personnellement, l’abandon des produits laitiers, en plus de me guérir d’allergies sévères, mit fin à mes odeurs de pieds ! Coïncidence : les molécules olfactives issues de l’activité bactérienne qui président aux remugles de nos orteils sont les mêmes que celles d’un camembert bien fait…

Enfin, sachez que le meilleur nettoyant, c’est l’eau ! Essayez donc de vous nettoyer au savon ou au gel douche sans eau, vous m’en direz des nouvelles. Raffa, une blogueuse auteure du site d’hygiène écologique raffa.grandmenage.info que je vous recommande suggère la routine suivante :

  • Au quotidien : savonnage au savon d’Alep du cou, de l’arrière des oreilles, des aisselles, des parties intimes et des pieds (surtout entre les doigts) seulement. Le reste est lavé à l’eau tiède.
  • Le dimanche : Savonnage intégral, passage d’une serviette japonaise exfoliante, application sur tout le corps d’huile végétale et d’aloe vera

Ma peau ne connait la mousse qu’en de rares occasions 

Personnellement, j’applique la routine de nettoyage quotidien de Raffa tous les jours, dimanche y compris. Autrement, dit, hors zones à glandes mérocrines, ma peau ne connait la mousse qu’en de rares occasions : grosses sueurs de canicule ou vraies salissures (terre, poussière, camboui, etc.) Sauf exception, l’eau suffit donc. La sécrétion de sébum s’arrêtant au-dessous de 8%, j’ai pris l’option de ne pas l’évacuer l’hiver. C’est ainsi que j’ai mis fin à mes problèmes de peau sèche et irritée par grand froid… Et jamais femme ne s’en plaignit. En revanche, au sortir de la douche, selon l’humeur du jour, soit je me frictionner à l’aide d’une serviette un peu rêche, soit je m’ébroue sans me sécher puis j’émulsionne dans mes mains humides trois gouttes d’huile végétale, pas plus, avant de les répartir sur tout le corps. Ensuite, je laisse ma chaleur corporelle évaporer l’eau de la douche tout en pratiquant quelques mouvements. Ce rituel laisse la peau douce et satinée pour un micro budget. Il m’a été donné par France Guillain dont la méthode fait l’objet du dossier de ce numéro de Néo-Santé.

Plus radical encore, plusieurs personnes de ma connaissance se contentent d’eau tiède pour se laver, réservant le savon à la vraie saleté : tâches, peinture, etc. Je vous garantis qu’elles sont parfaitement propres et qu’elles sentent bon !

Avec des pratiques aussi saines que minimaliste, votre budget savon a de fortes chances de s’écrouler… Alors autant bien le choisir. Pour les peaux sensibles, privilégiez les savons sans conservateurs, colorants, tensio-actifs ou graisses animales et composés uniquement d’huile végétale et de soude ou de potasse, éventuellement additionnées d’huiles essentielles. C’est le cas des vrais savons de Marseille et du savon d’Alep (ou façon Alep). Pour un savon de Marseille, optez pour un savon à 72 % d’huile d’olive (sodium olivate). Cependant, le savon d’Alep a l’avantage de contenir de l’huile de baies de laurier, plus proche du ph de la peau et moins de soude qui est irritante.

Article initialement publié dans Néo-Santé

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